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Le primitif et l’humaniste

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Pas loin de Campo Santa Marina, prés de San Lio, on rencontre le palais qui, au XVéme siécle, était de Francesco Amadi. Il fut lui à faire peindre, en 1408, une icone de la Vierge, qui trés vite pour le peuple venitien deviendra miraculeuse. Autour de celle image se leva ainsi le bijou que pour cette raison a été nommée Santa Maria «des Miracles». Le précieux tapis de marbres et de reliefs qui revêt l'église est si riche et inépuisable qui risque de faire passer inaperçues des autres intéressantes sculptures posées entre les fenêtres gotiques ou sur les portails renaissance des palais voisins.

Une de celles-ci se trouve dans le «campiello» Santa Maria Nova (près du campo qui a le même nom), qui evoque le nom plus ancien de la rénovée église des Miracles. La sculpture est sur la façade de Ca' Bembo, un beau palais gotique semi-caché d'édifices plus récents.



Sur le mur qui divise les deux étages nobles, un édicule en pierre d'Istrie occupe le secteur intermédiaire entre les fenêtres latérales et celles centrales. Son style dorique et le tympan classique indiquent qu'elle remonte à la moitié du XVI siècle. Dans la niche, décorée avec une coquille, se léve une singulière statue qui tient en main un disque solaire. Un être mi-humain, couvert d'une épaisse fourrure.



Pourquoi une créature de ce type est grimpée sur la façade d'un elégant palais patrice vénitien?

L?homo salvaticus, ou homo sylvestris, fait sa première apparition dans les miniatures du XIII siècle. Il dérive des légendes médiévaux qui tendaient à mythizer les premières rencontres que les marchands et les voyageurs, comme Marco Polo, eurent en Afrique ou en Inde avec les grands singes anthropomorphes. Parfois armé de massue, l'homme sauvage incarnait la luxure et l'agressivité, tant que souvent on le voit combattre contre des cavaliers chrétiens. Comme souvent il se passe aux symboles médiévaux, il pouvait même un avoir signifié positif, en incarnant la vie primordiale menée selon la loi de nature. Sous la niche qui contient la singulière figure il y a quelque chose qui peut en expliquer la présence. Une inscription, soutenue par trois têtes masculines sculptées en haut relief et, plus en bas, même par une inattendue console de style gotique. Sculptée en marbre grec, la statue de l'homme remonte à la fin du XIV siècle, mais l?inscription et les reliefs au dessous sont aussi plus anciens. Les trois têtes, entre lesquelles on voit celle d'un Tartre, pourraient être de la moitié si non du début du même siècle. L?inscription latine récite ainsi:

DVM. VOLVITVR. ISTE.
IAD. ASCR. IVSTINOP. VER.
SALAMIS. CRETA. IOVIS.
TESTES. ERVNT. ACTOR.
PA. IO. SE. M.

Elle se réfère à Gianmatteo Bembo, auteur de ce pastiche de sculptures et reliefs de trois differents siècles. Neveu d?un entre les plus célèbres humanistes de la Renaissance, le cardinal Pietro Bembo, il a été «podestà» (mairie) pour la République de Venice en différentes villes, où il se distinguait dans l?exercice des ses fonctionnes. Les noms des villes gouvernées par Gianmatteo sont abrégés et le texte se conclut avec les quatre initiales des noms de Paolo Giovio (Paulus Iovius) e Sebastian Münster (Sebastianus Munsterius), deux historiens qui décrivirent ses haut faits. Voilà la traduction:

Ainsi à long comme ce [soleil] tournera, les villes de Zadar [IADRA], Cattaro [ASCRIVIVUM], Capodistrie [IUSTINOPOLIS], Vérone [VERONA], Chypre [SALAMIS], Candie [CRETA IOVIS] donneront témoignage pour ses actes

Donc, notre primitif est inséré dans un curieux mix de remploie, survies et revivals. Le monde pre- classique, que lui incarne, est celui-là sur lequel s?est étendu la domination de Rome d'abord et de Venice ensuite. Des créatures fantastiques et des populations sauvages semblent se soumettre à la vertu civique des vénitiens. Ainsi comme l'assemblage des scultptures gotiques et classiques incorpore - dans un message tourné vers le futur - le passé ancestral et celui classique, ainsi Venice montre d'être unique, car elle est formée de cultures différentes qui elle a metabolizé, et eternelle, parce qu'à son tour elle est devenue déjà classique, comme les plus grands entre celles cultures.

(Tiré de E. Cicogna, F. Tinland, P. Fortini Brown)
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